Christian Comte

A titre national :

Le Président de la République, vient d’accorder royalement, du haut de sa suffisance et en différé pour avoir le temps de mettre au point ses trémolos et ne pas risquer de faire voir en direct son manque de sincérité et d’emphatie, un certain nombre de soi-disant – avantages à son petit peuple pour en calmer, pense-t-il, la colère.

Une augmentation du SMIC de 100 euros tout d’abord.

Parlons en de ce SMIC. Pour mémoire, il a succédé dans les années 70, au SMIG, et son objectif était à l’époque de lier ce salaire de base à la productivité globale de la France. Si l’inflation augmentait, le SMIC était augmenté d’autant pour éviter la perte de pouvoir d’achat qui en résulterait, et indépendamment de l’inflation, si le salaire moyen de base d’un ouvrier augmentait le SMIC en faisait autant pour éviter un décrochage entre smicards et ouvriers.

Pour simplifier, le SMIC devait donc en principe, augmenter parallèlement au gain de productivité du pays.

Mais dans les années 80, et sous l’ère miterrandienne, le tournant de la rigueur et le blocage des salaires, ont fait décrocher le SMIC vers le bas, et le parallèle SMIC/compétivité n’était plus assuré, l’Etat fixant arbitrairement le montant du tarif horaire du SMIC.

Et lorsque le SMIC baisse par rapport à la productivité, que font les profits ? Où va la richesse ? Les profits sont évidemment à la hausse, ce qui a conduit ces dernières décades, au gavage des actionnaires, à la spéculation à tous crins, aux salaires mirobolants des grands patrons, à ces parachutes dorés écoeurants des grands dirigeants d’entreprises pendant que les ouvriers tirent la langue pour avoir une miette d’augmentation.

Des études et statistiques de l’INSCE montrent que si le SMIC avait suivi la courbe de la productivité, il devrait être présentement de 1472,05 euros, donc très loin des 1187,98 euros actuels, et que la perte de pouvoir d’achat cumulée ces 4 dernières années se monte à 7858 euros soit environ 160 euros de perte mensuelle en moyenne.

On voit donc que le « cadeau » de 100 euros accordé, est très très loin d’être suffisant pour rétablir l’équité.

D’autant plus que tout le monde ne va pas bénéficier de cette augmentation du SMIC, loin de là. Bref, premier foutage de gueule, ou pour rester plus poli, première mesurette trompe l’oeil.

Deuxième mesure bidon: la défiscalisation des heures supplémentaires. Bien. Mais à condition de pouvoir en faire, des heures supplémentaires ! Ce qui est loin d’être le cas dans toutes les entreprises. Certaines faisant même récupérer ces heures au lieu de les payer. Donc, encore une mesure qui ne va pas profiter à tous, une mesure bâtarde, un effet d’annonce sans plus pour meubler, faire semblant de s’occuper du petit peuple.

Troisième mesure: la suppression de la hausse de la CSG. Bien. Mais quid de l’indexation des retraites sur l’inflation ? Pas au programme ça. Et donc perte de pouvoir d’achat des retraités. Même chose pour la non indexation de l’épargne, des livrets A. Les livrets A étaient toujours indexés sur l’inflation ces dernières années SAUF sous l’ère Macron. Résultat ? Perte de pouvoir d’achat pour tous les épargnants.

Quatrième mesure qui est aussi incohérente que criticable : défiscalisation de la prime que les entreprises sont invitées à verser à leurs salariés . SI elles PEUVENT et SI elles VEULENT ! Question inégalités entre tous les ouvriers des différentes branches ou entreprises, on ne peut pas faire mieux ! Refoutage de gueule. Pure démagogie et qui surtout ne coute rien à l’Etat.

Et les oubliés dans tout ça ? Les fonctionnaires dont la valeur du point d’indice – et donc le salaire – est gelé depuis des années ? Les prestations des chomeurs ? Des handicapés ? La liste est longue. Et on pourrait rajouter pour faire bon poids, cette mesure imbécile des 80 km/h juste décidée par un illuminé pour faire rentrer davantage d’argent dans les caisses…

Alors après, la concertation nationale de Macron, c’est du vent. Un truc pour gagner du temps, attendre que le soufflet retombe. Une usine à gaz faite pour enterrer les revendications, lasser les demandeurs.

Le RIC demandé par les Gilets Jaunes serait sûrement , lui, un plus pour la démocratie. Mais trop difficile à mettre en place diront certains. Peut être. Mais il faudrait essayer avant de dire que c’est impossible. Car ça se pratique bien dans d’autres pays…

Donc pour résumer : revalorisation du SMIC au montant qu’il devrait être, indexation des salaires, épargnes et retraites sur l’inflation réelle, arrêt des augmentations de taxes, stop à la fabrication d’impôts nouveaux ou déguisés, rattrapage des salaires de fonctionnaires, mise en place d’une vraie politique sociale et équitable.

Et s’il faut trouver de l’argent pour financer tout ça, on pourrait aussi lorgner du côté des salaires des élus, députés, ministres sénateurs, de leurs avantages mirobolants, de leurs retraites faramineuses et souvent injustifiée par rapport au commun des mortels. Là, il y a VRAIMENT des économies à faire. Là il faut vraiment y mettre de l’ordre, un grand coup de balai. Le plus difficile évidemment c’est de contraindre ceux qui en profitent de voter contre leurs intérets. Et inutile de compter sur leur sens civique. Il y a bien longtemps qu’il a été remplacé par l’appat du gain et le désir de s’en mettre plein les poches. N’est ce pas Monsieur Fillon ?