Tout d’abord, merci à la municipalité de relayer cette idée de remplir un cahier de doléances. Je lui suis très reconnaissant.
Notre monde vit dans une incertitude accrue depuis la crise pétrolière de 1973 et une augmentation sans fin de l’immobilier. A cela, il faut ajouter les agressions continues sur l’environnement et le changement climatique qui, même si certains en doutent encore, mettent en péril notre avenir et surtout l’avenir de nos enfants. Pour que ces derniers, puissent encore espérer profiter d’une planète à peu près viable, c’est notre rôle à tous de leur préparer cet avenir.
Pour toutes ces raisons, nous devons changer notre mode de vie car il ne sera pas possible de revenir aux Trente Glorieuses où l’insouciance et l’abondance régnaient, pour de nombreux Occidentaux du moins. En conséquence, nous devons nous résoudre à abandonner certains privilèges tout en cherchant à ne pas léser les plus fragiles d’entre nous.
Ainsi, les priorités, à moyen et long terme, doivent être :
- la réduction drastique de la dette souveraine, qui va commencer à être insoutenable et alors que la France est le seul pays européen où elle augmente encore tandis que chez nos voisins méditerranéens, elle s’est au minimum stabilisée. Cela passe bien sûr par une fiscalité appropriée et des économies là où il est possible d’en faire.
- l’accélération de la transition énergétique en continuant à diversifier nos ressources, favoriser l’isolation des habitations, etc. Cela passe par de la concertation avec les populations qui risquent de subir des dommages collatéraux (augmentation des carburants, investissements divers…).
La fiscalité est certes un problème majeur qui doit être remis à plat mais elle ne doit pas ralentir les efforts faits pour diminuer cette dette ni nuire à la transition énergétique. Cela passe aussi par une lutte sans merci contre l’évasion fiscale et les dérives que l’on observe chez certaines grandes multinationales.
Par ailleurs, l’évolution de la pyramide des âges faisant apparaître une forte augmentation des populations de plus de 60 ans ainsi qu’une diminution des moins de 25 ans, il est mathématiquement nécessaire de repousser l’âge de la retraite et/ou de diminuer ou geler les pensions de retraite du moins pour celles qui sont les plus élevées. Il ne faut pas oublier que la France est l’un des pays d’Europe où les retraites sont les plus élevées, en moyenne évidemment. De plus, l’espérance de vie a fortement augmenté depuis un siècle. Ces quelques années supplémentaires de travail de nos concitoyens contribueront largement à faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’état. Dans le même temps, il faut susciter aux entreprises le désir d’embaucher des seniors, comme le font volontiers nos voisins Scandinaves : tout le monde en profite et cela contribue à la baisse du chômage. Parallèlement, il faut favoriser à grande échelle l’accès à l’apprentissage, gage de réussite pour nos entreprises, comme l’ont démontré nos voisins Allemands. Cela permettra aussi de diminuer le nombre de sans emploi.
C’est sur cette faible marge de manœuvre que les citoyens et les autorités doivent travailler pour que ce cap puisse être passé le plus sereinement possible. Cela peut passer par des concertations telles qu’elles sont proposées à partir de janvier et/ou par des consultations ponctuelles de la population de type referendum à condition que ces consultations soient validées par une partie de l’Assemblée Nationale, pour éviter des abus.
Par ailleurs, le rétablissement complet de l’ISF, qui a été réformé et pas supprimé, n’est pas la solution. Il nuit aux investissements, favorise l’évasion fiscale. De plus, sa contribution dans le budget de l’état est très limitée. La France est aussi le seul pays où cette taxe existe.
La baisse de salaire des parlementaires est aussi à prendre avec des pincettes. En effet, ce dernier doit être suffisamment élevé pour que ces personnes, qui doivent consacrer du temps pour leurs concitoyens en abandonnant leur activité professionnelle d’origine, ne puissent être corrompues par d’éventuels lobbies qui ne manqueront pas de les solliciter pendant leur mandat. En revanche, une baisse du nombre de parlementaires paraît tout à fait judicieuse.
Des réformes mûrement réfléchies, structurelles, doivent se faire sur du moyen et du long terme pour qu’elles soient profitables au plus grand nombre. Il n’est pas raisonnable de réclamer des mesures d’urgences, sans penser à ce qu’il va se passer au-delà. On ne peut pas reprocher aux politiques de ne pas prendre des mesures sur du long terme si, dans le même temps, on réclame des décisions rapidement applicables.
Enfin, dans un tout autre domaine et sur une plus longue échéance, il est indispensable que nos gouvernements, en Europe, abandonnent de la souveraineté au profit d’une Europe forte avec un gouvernement unique, une fiscalité homogénéisée, une armée unie et indépendante, une réelle solidarité entre ses membres, un échange culturel renforcé, pour continuer à se prémunir des guerres fratricides, continuer à prospérer économiquement et peser face aux Etats-Unis, à la Chine et à la Russie, à une époque où l’influence européenne a fortement décru. A ce propos, une liste transnationale pour les élections européennes à venir paraît être une excellente idée pour favoriser l’esprit européen.
Michel-Ange Bouchet